B-Vec : où en sommes-nous ?

L’épidermolyse bulleuse est une maladie génétique rare qui ne dispose d’aucun traitement curatif.

Cependant, un traitement innovant arrive : il s’agit du Beremagene Geperpavec (BVEC). Mais comment agit-il ? Est-il vraiment efficace sur les plaies de l’EB ? Qu’en est-il de sa commercialisation en Europe et plus particulièrement en France ? On fait le point pour vous.

B-Vec : définition

Le B-Vec est aussi appelé Vyjuvek ou encore beremagene geperpavec. Il s’agit d’un gel de thérapie génique qui marque un véritable tournant dans le traitement des plaies de l’épidermolyse bulleuse dystrophique.

Pour rappel, l’épidermolyse bulleuse dystrophique est une maladie cutanée rare causée par des mutations du gène COL7A1. Le gène COL7A1 est responsable de la production d’une protéine de collagène de type VII appelée COL7.

Cette protéine de collagène crée des fibrilles d’ancrage qui lient la couche interne de la peau, le derme, à la couche externe de la peau, l’épiderme. C’est une protéine structurelle déterminante pour souder entre eux les tissus cutanés. Sans les fibrilles d’ancrage (ce qui est le cas quand on a des mutations du gène COL7A1, la peau devient plus fragile, forme des cloques et peut se briser à cause de frictions ou de petits traumatismes.

Le B-Vec ou Vyjuvek est une thérapie génique topique qui exploite un virus de l’herpès simplex de type 1 génétiquement modifié : on le neutralise (pour qu’il n’abime pas la peau) et on y introduit l’ADN correspondant au gène COL7A1.

Lors de l’application cutanée sur les plaies, le virus ainsi modifié pénètre dans les fibroblastes du derme et les kératinocytes de l’épiderme qui bordent la plaie et , comme tous les virus de la famille des herpès virus, il les transfecte c’est-à-dire qu’il transfère son matériel génétique (comprenant le gène COL7A1) dans le noyau de ces cellules.. Une fois dans le noyau, la transcription du gène COL7A1 humain  est initiée et va aboutir à la production et la sécrétion de collagène VII par les cellules situées autour et au fond de la plaie . Ces molécules de collagène VII s’organisent alors à l’extérieur des cellules en faisceaux longs et fins forment des fibrilles d’ancrage qui vont venir s’insérer entre le derme et l’épiderme et les solidariser. La réapparition de collagène VII et donc de fibres d’ancrage dans la peau en cours de cicatrisation va permettre de rétablir un lien solide entre l’épiderme et le derme et donc  la solidité de la peau. Le virus de l’herpès dans le Vyjuvek n’est pas réplicatif ce qui veut dire qu’il ne va donc pas survivre indéfiniment dans les cellules de la peau qu’il a transfectées ; il est éliminé en quelques jours mais le collagène VII, qui lui a été synthétisé, va persister plusieurs mois dans la peau cicatrisée assurant sa solidité ; Il sera donc nécessaire d’appliquer le produit jusqu’à cicatrisation complète de la plaie et de le reprendre si une nouvelles plaie réapparait au bout d’un certain temps. 

Mode d’emploi

La dose recommandée de gel B-VEC est fonction de l’âge. Le gel B-VEC est appliqué localement sur la/les plaie(s) une fois par semaine.  La surface qui peut être traitée chaque semaine dépend de l’âge du patient

En pratique

Le gel B-VEC est appliqué sur les plaies jusqu’à ce qu’elles soient fermées avant de sélectionner une ou plusieurs nouvelles plaies à traiter.

La priorité au traitement hebdomadaire est donnée aux plaies déjà traitées si elles se rouvrent .

Le gel B-VEC est appliqué sur la (les) plaie(s) sélectionnée(s) en gouttelettes espacées uniformément à l’intérieur de la plaie, d’environ 1 cm sur 1 cm. La répartition des gouttelettes doit ressembler à une grille.

Les plaies sont ensuite recouvertes par un film occlusif type film alimentaire ou Mepilex Film qui ne peut être retiré qu’au bout de 24h.

Les déchets sont ensuite récupérés et éliminés via un parcours spécial car ce médicament correspond à un OGM (organisme génétiquement modifié) qui ne doit pas être dispersé dans l’environnement.

La HAS donne son feu vert à la demande d’autorisation d’accès précoce

Si une poignée de patients a pu bénéficier de l’accès compassionnel, davantage de patients devraient pouvoir avoir accès au traitement grâce à cette autorisation d’accès précoce qui vient d’être approuvé (septembre 2024) .

Pour rappel l’accès compassionnel est un dispositif nominatif permettant à titre dérogatoire d’utiliser des médicaments sans AMM en France ou bien dans une indication particulière pour traiter des maladies graves ou rares lorsqu’il n’existe pas de traitement approprié, que le patient ne peut être inclus dans un essai clinique et que la mise en œuvre du traitement ne peut pas être différée.

L’ANSM a conclu que l’efficacité et la sécurité de ce médicament.

La 1ère thérapie génique topique dans l’EBD apporte une quantité d’effet importante par rapport au placebo (différence de 46 % de répondeurs sur le critère de jugement principal évaluant le pourcentage de patients ayant une cicatrisation complète à 6 mois durant 2 semaines consécutives) avec une cicatrisation de la plaie qui semble se maintenir à moyen terme (12 mois).

Une demande d’autorisation de mise sur le marché pour cette spécialité dans cette indication a été déposée et est actuellement étudiée par l’Agence Européenne du Médicament.

Les freins à lever

Cependant, pour que plus de patients puissent accéder au traitement, il va impérativement falloir amener le traitement au patient, contrairement à actuellement où ce sont les patients qui se rendent au centre de référence.

En effet, les centres de référence ne seront pas en capacité d’accueillir un grand nombre de patients.

Seul un professionnel de santé (médecin ou IDE) peut appliquer le gel B-VEC, que ce soit dans un établissement de santé (en hospitalisation de jour- HDJ) ou à domicile, dans le cadre d’hospitalisation au domicile (HAD).

Si le B-Vec n’est pas appliqué dans le même centre hospitalier que celui où il est reconstitué (il faut en effet une pharmacie ayant un agrément spécial pour les thérapies innovantes pour préparer le médicament juste avant de l’utiliser , ce qui n’est pas le cas de tous les hopitaux ; Tous les CHU disposent  à priori d’une telle pharmacie ) il faut alors signer une convention entre les deux hôpitaux (celui qui prépare et celui qui applique en HDJ ou via l’HAD) ce qui peut prendre plusieurs mois du fait d’un parcours complexe via l’ARS.

Mardi 24 septembre, dermatologues des centres de référence, pharmaciens hospitaliers, représentant des malades DEBRA et représentants de la FNHAD se sont réunis pour réfléchir ensemble aux meilleures solutions, sans perdre de vue la nécessité d’aller vite et au plus près du patient.

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