Le sentiment d’impuissance est directement lié au constat que nous faisons de notre propre capacité à agir sur des évènements qui surviennent dans notre réalité, en l’occurrence le diagnostic et les soins.
Il est intimement lié au sentiment de perte de contrôle et dans la maladie chronique il se traduit souvent par un ressenti de frustration, de colère ou encore par des angoisses.
C’est comme une sorte de refus de lâcher prise même si cela peut paraitre un peu simple.
Nous en avons déjà tous fait l’expérience : à un moment donné, tu commences à essayer de penser le moins possible aux choses qui ne dépendent pas de toi ou qui t’échappent, pour te concentrer sur ce qui est plutôt dans ton champ d’action, c’est-à-dire les choses qui peuvent te rendre heureux.se.
D’une certaine manière, ce qui nous différencie des personnes non malades, c’est que nous, nous savons et nous avons reçu un diagnostic mais nous sommes toutes et tous mortels, donc toutes et tous impuissants face à ce que nous réserve la vie. Tout l’enjeu va être de s’empêcher au maximum de penser à la maladie pour capitaliser sur ce qui nous rend heureux ou heureuse.
La deuxième différence fondamentale avec les personnes non malades, c’est le chemin qui est différent pour chacun et chacune d’entre nous.
C’est parfois difficile et on fait tout ce qu’on peut au quotidien pour aller d’un rendez-vous à l’autre, d’un examen à un autre, pour être physiquement et psychologiquement investis dans les soins mais en dehors des soins médicaux, il reste la vie. Il faut pouvoir rappeler au corps médical, comme à notre famille, à notre entourage que nous ne sommes pas qu’une personne malade.
Il est vrai que le choc de l’annonce de la maladie peut tout stopper dans un premier temps mais tous les plaisirs de la vie et tous vos projets ne doivent pas disparaître face à la maladie, bien au contraire, il faut continuer à faire des projets, à voir du monde… bref, à vivre.
Le philosophe Frédéric Lenoir a dit un jour que si nous nous sentons si souvent impuissants, c’est parce que nous croyons tout contrôler. Revenons sur l’illusion de contrôle, qui est un mécanisme qu’on connaît en psychologie depuis les années 90. Elle vient surtout d’un décalage entre nos perceptions et la réalité. Et aussi de notre tendance naturelle à surestimer l’influence que nous avons sur certains événements. Pour l’illustrer, j’aime bien l’image du bouton d’ascenseur sur lequel on appuie frénétiquement pour qu’il arrive plus vite. On sait bien que ça ne changera rien, mais on le fait quand même. C’est ça l’illusion de contrôle, ça vous est peut-être déjà arrivé, un geste qui va dans le sens de ce que vous désirez mais qui n’aura aucune incidence sur votre vie. Or, parfois, l’illusion de contrôle peut faire perdre beaucoup plus d’énergie que de nous en faire gagner.
Une autre chose importante et qu’on appréhende petit à petit, c’est que même si les événements nous échappent parfois à l’extérieur, on peut garder une prise et agir sur la façon dont ils se traduisent à l’intérieur de nous. On peut essayer, seul.e et avec l’aide des autres, de se réapproprier son parcours. Quand on considère le soin d’une façon holistique et intégratrice, c’est-à-dire en multipliant les points de vue pour regarder le problème, il existe tellement d’approches, de disciplines ou encore d’activités susceptibles de nous soulager : sophrologie, hypnose, acupuncture. Soigner, ce n’est pas une science exacte, on ne peut jamais savoir à l’avance ce qui va marcher ou pas et rien ne fonctionne à tous les coups. Aristote disait : « rien ne vaut l’expérience ».
Nous allons essayer de vous conseiller des choses pour diminuer le sentiment d’impuissance comme des activités qui vous font plaisir, qui vous font du bien, que ce soit du sport, des activités artistiques, passer du temps avec vos proches, ou se recentrer sur soi-même. Chaque parcours est unique et chaque activité différente, à adapter selon vos envies, votre besoin et votre tempo.
Il existe beaucoup d’applications qui font du bien comme l’auto-hypnose ou la méditation, vous pouvez les télécharger sur votre téléphone, parfois elles sont même gratuites, ça vaut le coup d’essayer.
Pour vous accompagner, nous vous rappelons également que DEBRA prend en charge une consultation mensuelle avec une psychologue clinicienne, Brenda Triana.
Surtout n’oubliez pas de profiter de la vie, de vous faire du bien et de vous écouter. Bref, de prendre soin de vous !
Article adapté du podcast « la voix des patients »